sábado, agosto 13, 2011

Georges Perec dans Penser / Classer

Considérations sur les lunettes

Du langage :
Alors que le langage de la vision est d' une abondance extrême ( n' y voir que du bleu, en voir des vertes et des pas mûres, voir rouge, voir la vie en rose, voir tout en noir, regarder en chiens de faïence, voir sous son vrai jour, voir le bout du tunnel, voir trente-six chandelles, n' avoir pas les yeux en face des trous,voir venir avec ses gros sabots, faire les yeux doux, faire les gros yeux, etc.) les métaphores, expressions et proverbes fondés sur les lunettes sont extrêmement rares et, qui plus est, pratiquement tombés en désuétude. Dit-on encore « un nez à porter des lunettes » pour « un grand nez » ? « Mettre mieux ses lunettes » (Regnard) ou « chausser mieux ses lunettes (Mme de Sévigné) signifiait « faire plus attention », mais je ne pense pas que ces expressions soient encore employées. Saint Simon utilisa une fois l' expression « mettre des lunettes » pour signifier « se montrer sévère » et Molière « elle est pour les yeux qui portent des lunettes » pour « elle n' aime que les intellectuels », mais ces images ne sont pas vraiment devenues populaires. Quant aux proverbes « Chacun voit avec ses lunettes » (chacun voit avec son propre point de vue) et « Bonjour lunettes, adieu fillettes » (que M. Lachatre traduit par « Quant l' age vient de prendre lunettes, il faut renoncer aux amourettes »), je ne crois pas qu'on les trouve ailleurs que dans les vieux doctionnaires et almanachs où je suis allé les chercher.

Recueilli par Georges Perec dans Penser / Classer


De Malet, Histoire Moderne, p 417

Charles IX (1550-1574)
D' après le portrait peint par François Clouet

Charles IX a dix-neuf ans : blème, les yeux jaunes, sourcils et cheveux blonds, une ombre de moustache, et des légers favoris en « patte de lapin ». La physionomie est intelligente ; mais elle a quelque chose de mobile et d' inquiet qui trahit la nature nerveuse, la volonté faible, facile à émouvoir et a dominer. –Ce portrait, précis comme une miniature, est une des meilleurs œuvres de François Clouet, le seul peintre important de la Renaissance française.

NdE: ah, bon....

martes, agosto 09, 2011

Description, par Henri Cueco, dans "Le journal d' une pomme de terre"

Le hall, sur le palier, est un petit espace de 3x3 mètres où l' on peut s' assoir sur un fauteuil en skaï à boutons noirs, sous un tableau de Toffoli. Des pêcheurs samaritains en costume de contreplaqué, une tarte jaune collée à la nuque, sont inmobilisés autour d' un grillage où sont cloués des poissons d' avril. Tout est bleu, gris-bleu, pour que le jaune des auréoles ait l' air d' un éclairage. En face du divan, un oursin sur une lithographie, herissé, guigne méchamment una poire et une banane haut perchées sur un compotier château d' eau. Les deux fruits qui se ratatinent là-haut refusent de descendre, d' autant que, s' ils échappent à l' oursin, ils se feront déchirer par l' énorme fil de fer barbelé de la signature: Bernard Buffet.